Syndrome de Sjögren primitif et qualité de vie : impact et facteurs associés ! - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
Le syndrome de Sjögren primitif (SSp) est une maladie auto-immune chronique qui se caractérise par des manifestations à la fois glandulaires et systémiques. Du fait de son grand polymorphisme clinique et la sévérité de certaines manifestations cliniques, cette maladie pourrait avoir un impact négatif sur la qualité de vie (QdV) des patients. L’objectif de notre étude était d’évaluer le retentissement du SSp sur la QdV des patients et étudier les facteurs qui peuvent y être associés.
Patients et méthodes |
Il s’agissait d’une étude transversale incluant des patients atteints de SSp répondant aux critères de l’ACR/EULAR 2016. Les données sociodémographiques, clinicobiologiques et les traitements entrepris ont été recueillies. L’activité articulaire et celle systémique ont été évaluées respectivement à l’aide du Disease-Activity-Score (DAS28CRP) et par le score « EULAR Sjögren's Syndrome Disease Activity Index » (ESSDAI). L’évaluation de la QdV a été faite par le Short Form-36 (SF-36) évaluant deux domaines : la composante physique (Physical Component Summary ou PCS) et la composante mentale (Mental Component Summary ou MCS). Il peut également être évalué à l’aide de huit domaines. Chacun des domaines a des valeurs comprises entre 0 et 100, les valeurs inférieures indiquant une moins bonne qualité de vie. Nous avons par la suite distingué deux groupes de SSp selon la valeur du score ESSDAI [groupe1 (G1) : activité faible à modérée (ESSDAI<14), groupe2 (G2) : activité sévère (ESSDAI≥14)] pour réaliser une étude comparative du score SF-36 entre eux.
Résultats |
Nous avons recueilli 40 patients, tous de sexe féminin, avec un âge moyen de 59,6ans. La majorité des patientes étaient mariées (65 %), sans emploi (37,5 %), et vivaient en milieu urbain (75 %). Une ou plusieurs comorbidités étaient notées chez 38 patients. Sur le plan thérapeutique, 60 % des patientes utilisaient des analgésiques, 67,5 % des patients étaient sous CsDMARDs (Conventional Synthetic Disease-Modifying anti-Rhumatic Drugs) et 7,5 % étaient sous biothérapie. Pour l’atteinte articulaire, le nombre moyen d’articulations douloureuses (NAD) était de 4±3,12, le nombre moyen d’articulations tuméfiées (NAT) était de 0,3±0,85, La durée moyenne de la raideur matinale (RM) était de 8,25min±12,64. Le nombre moyen de réveils nocturnes (RN) était de 0,28±0,72, l’évaluation globale moyenne du patient (EGP) était de 5,4±1,46 et le score moyen de DAS28crp était de 3,33±0,66. Pour l’atteinte systémique, le score ESSDAI moyen était de 9,18±7,47 et la majorité des patients avaient une faible activité systémique (45 %). Les résultats ont révélé que les scores moyens étaient les moins élevés pour la dimension de perception de la santé générale (45,52±24,3), celle de la limitation des rôles en raison de problèmes physiques (51,87±38,97) et celle liée à l’énergie et à la fatigue (52,25±19,7). Ensuite, nous avons noté un score légèrement plus élevé pour la dimension de la fonction physique, avec une moyenne de 57,37±22,1. La dimension de douleur corporelle et celle de fonctionnement social présentaient respectivement une moyenne de 59,06±23,54 et 59,06±27, tandis que les dimensions du bien-être émotionnel étaient plus élevées, atteignant une moyenne de 59,2±25,79. En revanche, le score était le plus élevé pour la dimension de limitation des rôles en raison des problèmes émotionnels, avec une moyenne de 68,34±29,19. La PCS variait entre 12,5 et 92,5 avec une moyenne de 55,14±23,93 et la MCS variait entre 3 et 94,5 avec une moyenne de 58,03±24,78.
L’analyse des différentes corrélations a mis en évidence une association significative négative entre le PCS et MCS du score SF-36 et plusieurs paramètres : l’atteinte structurale, le nombre de RN, la durée de RM, le NAD, l’EGP et le DAS28crp (p=0,013, p=0,012, p=0,003, p=0,005, p=0,001, p=0,003, p=0,0, p=0,0, p=0,0, p=0,001). Par ailleurs, notre étude a démontré que l’utilisation d’antalgiques et du méthotrexate était associée à une altération plus importante de la composante physique (p=0,001 ; p=0,032). L’analyse comparative a révélé une corrélation significative entre une activité systémique sévère (ESSDAI≥14) et une altération plus prononcée des composantes physiques et mentales du score SF-36 (p=0,03 ; p=0,013). Cependant, aucune corrélation significative n’a été observée entre le score ESSDAI et ces dimensions.
Conclusion |
Notre étude met en évidence un impact négatif d’une atteinte systémique sévère et de l’atteinte articulaire sur la QdV. Par conséquent, une approche plus complète du patient SSp est essentielle pour améliorer sa prise en charge.
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Vol 45 - N° S1
P. A145 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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